« Ne pas railler, ne pas déplorer…mais comprendre » Spinoza
Nous sommes dans les années 90, vous êtes un homme de 45-50 ans, vous réussissez votre vie professionnelle. Vous êtes passionné par cette vie qui vous fait exister, un peu comme dans le sport quand on parle de vous. Bien sûr, vous avez beaucoup d’amis, de relations parfois plus élevées socialement que votre famille. L’entreprise vous grandit bien plus que l’école, et la confiance ou la fierté qu’elle vous accorde renforce encore votre volonté sacerdotale.
Votre addiction aux résultats vous transporte dans un monde euphorisant, le pouvoir galvanise votre égo. Vous êtes reconnu et votre inconscient absorbe les mots, les codes, les valeurs de ce milieu fermé aux inutiles.
En même temps, vous avez construit une famille, qui décroche et qui s’isole dans son propre univers ; pire, lorsque les enfants s’éloignent, la mère, l’épouse, est là, comme au milieu d’une île déserte.
Personne ne s’est aperçu de rien… les âmes se sont séparées bien avant les corps. Le divorce est là, froid et traumatisant. L’intimité vécue pourrait encore vous aider, ensemble, à imaginer un autre avenir, mais c’est le mécanisme élitiste et institutionnel qui va vous broyer…
Les intellectuels de la loi et de la justice sont figés dans l’orthodoxie sociale. Le poids de l’histoire porté par l’enseignement public ou l’ENA n’enfante pas un raisonnement hors du temps, mais un dogmatisme ambiant, une pensée unique, qui phagocytent chacun d’entre nous, grands ou petits.
L’avocat, chasseur de primes, est un Jaurès qui va prendre Madame par la main. Plutôt que l’insertion dans un milieu qu’elle a quitté, la robe noire va l’entraîner dans une lutte des classes qui anémie déjà la couche inférieure de la population. Barreau et justice tirent vers le bas pour mieux dominer.
Vous vous êtes marié devant un Maire-agriculteur ou un enseignant qui a du temps, il est sympa et lit des textes que personne n’écoute. Fidélité, secours… c’est culturel, dans ce folklore populaire.
Puis, fini la rigolade, on quitte la cour d’école pour entrer dans la classe de Madame Croquemitaine. Le juge, plutôt LA juge, puisqu’il n’y a que des femmes juges… La juge maîtresse est là devant vous, elle va vous tirer l’oreille à vous Monsieur, votre note est très mauvaise, vous ne savez pas pourquoi, mais la punition va tomber. Vous êtes sorti de la norme des donneurs de leçons « fondamentalistes ».
LA juge est là, devant vous, sévère, la quarantaine, genre Caroline De Haas ou Christine Angot. Vous devenez tout petit, vous ne pouvez rien dire, vous êtes pris en faute. D’autant, que ce vis-à-vis est du genre opposé et probablement en pleine séparation elle-même.
N’expliquez pas que vous avez bossé dur pour le confort de votre famille, l’avenir de vos enfants, pour la liberté de votre épouse qui est devenue, malgré elle , oisive et bourgeoise, que le mariage est un tandem et qu’à la fin celui qui pédale seul n’en peut plus. LA juge misandre s’en fout !!
Le divorce marxisant veut perpétuer le patriarcat napoléonien, on vous divorce symboliquement parce que c’est la loi, mais la juge-Dieu va vous obliger à continuer à alimenter « l’être secondaire » jusqu’à la fin de sa vie. Oui, oui, vous payez un tiers et parfois plus, de vos revenus de votre travail jusqu’à la fin de vie de votre ex conjointe. Si vous décédez avant elle, ce sont les enfants qui paient ou même votre nouvelle épouse ; sourate d’un monde qui se finit dans la déshérence sociale.
Le Législateur, c’est à dire NOUS, nos représentants à L’Assemblée nationale, vont s’alarmer de cette dictature de l’égalitarisme et de l’effondrement de l’institution du mariage. Un sondage Ifop de 2013 indique que 75% des français pensent que le mariage est devenu une « union à risque« .
A partir de 2014, les associations vont rencontrer les conseillers de la Chancellerie pour faire promulguer des lois plus équilibrées. Malheureusement, le simplisme et l’égocentrisme d’une de ces associations vont succomber au lobbying de la magistrature. Celle-ci, par souci de son indépendance, ne veut pas revenir sur des jugements passés (loi de révision des rentes de 2004).
Je vais quitter cette grande association indigente, quand sa Présidente va se flatter d’avoir obtenu le texte suivant : « il peut être tenu compte de la durée et du montant de la rente… ». N’importe quel néophyte comprendrait sans difficultés qu’il s’agissait là d’une allégeance au juge qui garderait tout son arbitraire sur des situations injustes.
Heureusement, dans un contexte politique surchauffé, le texte ne passe pas. Avec d’autres, je revois les parlementaires et le ministère pour améliorer le texte. Jean-Jacques Urvoas, alors président de la commission des lois, nous aide et obtient le texte : « Il est tenu compte… ». C’est loin d’être parfait, nous subissons l’ombre du premier texte fortement inopérant.
« Tenir compte de la durée et du montant… » par rapport à quoi ? Déterminé, j’obtiens une explication au Bulletin Officiel (BOMJ N°2015-02). La naïveté ou la complicité de personnes qui s’aventurent, sans compétence, dans le labyrinthe des pouvoirs, a fait beaucoup de tords et fait perdre du temps aux malheureux débirentiers qui, à 70-75 ans, voient toujours leurs retraites amputées d’un tiers et plus, par une rente ignoble, bien pire que la CSG !!
Ce texte de 2015 (Loi N°2015-177 du 16 Février 2015, article 7) n’a pas beaucoup plus d’efficacité que la loi de 2004 qui autorise la révision des rentes viagères, à condition… qu’il y ait des changements « importants » ou un avantage « excessif » ! Ces critères très élastiques ont aussi été suggérés par cette pseudo association qui escamote l’attente de ses adhérents-cotisants. On les méprise honteusement !
Les juges se gaussent ; ce « sauf-conduit » inespéré poursuit son œuvre de destruction de la responsabilité et de la liberté individuelles. La vie privée conjugale est prise en otage par un pouvoir qui n’entend pas laisser s’émanciper le citoyen-justiciable, fût-il homme ou femme.
Il reste environ 50 000 hommes, de 70 ans en moyenne, qui paient depuis 20, 30 et même 40 ans une rente à une très lointaine ex, à qui la justice ne reproche jamais de ne pas rechercher son autonomie ou pire de la dissimuler. On contrôle les chômeurs, pas les crédirentières.
Les prétoires qui accueillent les demandes de révisions sont devenus des cirques où l’on applaudit le dressage de l’homme, mais aussi de la femme. On s’amuse cyniquement à éplucher le budget et le patrimoine de Monsieur, parfois 30 ans après une nouvelle vie derrière le divorce. L’homme est accusé d’avoir amélioré sa socialité tout en souhaitant ne plus subvenir à un lointain ex conjoint qui attend ses subsides. Le député législateur sait parfaitement que cette situation amène le chaos dans les familles. L’homme patriarcal institué devient le substitut à la solidarité nationale constitutionnelle.
Pour décrypter définitivement l’ADN de cette justice partiale, relisons ce qu’écrivait l’école de la magistrature à ses étudiants, en 1974 :
« Soyez partiaux…ayez un préjugé favorable pour la femme contre le mari, pour l’enfant contre le père, pour le débiteur contre le créancier, pour l’ouvrier contre le patron… pour le voleur contre la police, pour le plaideur contre la justice… »
N’oublions pas le « mur des cons » qui n’a vu pour l’instant que la pénalisation du journaliste qui a révélé l’affaire. Le syndicat responsable et aussi celui qui publie dans sa revue une critique acerbe sur la mise en place de la justice numérique et des barèmes qui souffleront la « souveraineté » des juges.
La loi N°2016-1321 d’Octobre 2016 va permettre à tout justiciable de ne plus être sous la domination arbitraire du juge et des avocats. La Justice civile va devenir plus « mécanique ».
Extraits rapport Garde des Sceaux, ministre de la justice-Novembre 2017-www.justice.gouv.fr/publication/open_data_rapport.pdf :
« L’open data des décisions de justice exposera davantage la pratique des professionnels de justice à l’analyse et à la comparaison » « La diffusion des décisions en ligne ouvre la possibilité d’opérer un traitement et une analyse bq plus approfondis et plus complets de la justice rendue, elle donne une dimension nouvelle à ce regard public »
Avec l’open data les décisions des juges auront davantage de visibilité. Leurs motivations donneront lieu à des analyses et comparaisons plus approfondies ».
Ce n’est pas parce que nous dénonçons haut et fort « la chasse aux sorcières » faites aux hommes par la justice que nous sommes misogynes ! Au contraire, nous défendons l’égalité femme-homme.
La meilleure façon de porter cette grandeur civilisationnelle c’est de s’opposer à la victimisation des femmes. La démarche marxiste des juges civils, qui ne cherchent qu’à identifier le faible pour punir le fort s’approche du prosélytisme salafiste : « Hostile à l’intervention de la raison dans l’interprétation du message divin. L’imitation des pieux ancêtres ».
« Juger, c’est nier ce que l’on croit » dit un grand magistrat. Et aussi : « Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ».
Les « grandes prêtresses du néo-féminisme agressif » (citation : Maître Florence Rault) sont contre productives, tout comme ces petites juges, excitées contre les maris qui veulent divorcer.
Pour essayer de convaincre ces dogmatiques de leur momification de la femme, écoutons :
–Elizabeth Badinter : « je suis pour un féminisme conquérant, pas pour un féminisme victimaire »
–Véronique Neiertz : « le mariage n’est pas une assurance vie »
-Gisèle Halimi : « Une femme indépendante économiquement peut se réaliser dans des tas de domaines, y compris en amour »
-Gandhi : « L’épouse n’est pas l’esclave du mari, mais une compagne appelée à partager ses joies et ses peines tout en restant aussi libre que lui pour choisir sa propre voie »
-Hubertine Auclert journaliste en 1881 : « J’engage les femmes, plutôt que de se vendre légalement dans le mariage, ou illégalement sur le trottoir, à jouer des coudes pour arriver à enlever, à force de lutte, ce qui leur est indispensable pour vivre libres »
En ce moment pascal, souhaitons que nos dirigeants politiques actuels prennent conscience de la nécessité d’une résilience mixte, issue d’un divorce, hors du voyeurisme d’état.
La révision des vieilles rentes doit être tributaire du grand succès du divorce par consentement mutuel (sans juge) et de la loi numérique N°2016-1321 du 7 Octobre 2016.
Guy Benon
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