« L’erreur est humaine », mais toute faute mérite sanction. Tout citoyen répond de cela, y compris, on l’a vu souvent, les plus hautes personnalités du monde politique, économique ou artistique. Les seuls à pouvoir échapper à une quelconque sanction, ce sont les juges. Souvenons-nous de l’affaire d’Outreau, confiée à un juge inexpérimenté et trop pressé d’être dans la lumière médiatique. De même, plus loin, les affaires Villemin et Bruay en Artois qui ont consacré une mégalomanie coupable.
Il s’agit là d’instruction, c’est à dire d’une enquête précédant l’audience devant un tribunal. Plus grave est l’erreur « d’appréciation » (compétence exercée par le juge en matière d’analyse personnelle) au moment du jugement. Parlons des récidives tueuses, des libérations déraisonnables, comme des mises en cause exagérées de leaders d’opinion ou de sujets encombrants dans certaines affaires lucratives, politiques, amoureuses ou trop…peoplarisées.
L’assurance, la condescendance et l’impunité des juges ne leur conféreraient-elles pas trop de pouvoir ? Maître Henri Leclerc, avocat président des DH : « Les juges se croient parfois tout permis ! »
L’exemplarité de ceux qui jugent les autres est mise à mal par des faits nauséabonds comme le fameux « mur des cons » dont le procès a accordé 15 000 euros à une « victime » (viol et meurtre de sa fille) qui avait eu le tord de se plaindre du laxisme des juges. Pour ne pas devenir un petit « Charlie », nous ne citerons pas les trop nombreuses affaires impliquant des juges, comme ceux dénoncés, il y a longtemps par le parfait procureur de Montgolfier…
Des attitudes indignes et mesquines à côté de la grandeur des capacités humaines à envoyer un engin aux confins de notre système solaire, à observer une étoile à des milliards de kms, à surveiller les cotations boursières du Monde entier en temps réel, à faire de la chirurgie à distance et d’endiguer la faim sur Terre.
Les justiciers de notre société sont figés dans leur certitude morale et narcissique. C’est l’antithèse de « la bouche de la loi ». Ce devrait-être un lien de subordination entre Législateur et juge, si les lois étaient mieux écrites et plus explicites qu’implicites. Le suicide du raisonnement logique et factuel c’est la souveraineté du juge, son appréciation souveraine ; autant dire une analyse partiale guidée par des sentiments spécifiquement humains ; surtout en matière d’affaires familiales.
En 2016, la loi se « mécanise » et propose des référentiels de jurisprudences (open data) pour aider les juges à apprécier des situations conflictuelles comme les divorces. Les (très) hauts magistrats soutiennent cette incursion de l’intelligence artificielle.
C’est une levée de bouclier des (petits) juges, et même des avocats, qui ne veulent pas laisser la technologie les ubériser. Ils ont refusé les barèmes d’indemnités de licenciements, ainsi que pour les pensions alimentaires pour les enfants. Ces juges (JAF) refusent de supprimer la prestation compensatoire viagère, totalement disproportionnée par rapport à la liberté et à la responsabilité de se séparer (vie privée) et à l’évolution des mœurs.
C’est ces « idéologies mortifères » qui humilient le justiciable nain. La Justice a entamé sa marginalisation dans notre société en mouvement. Il suffit de regarder les sondages qui démontrent la distanciation prise entre les citoyens et le monde de la justice.
Le citoyen-justiciable pousse les parlementaires et l’exécutif à modéliser une justice sociétale. Sa défense ne doit plus reposer sur les qualités oratoires (plaidoirie) et stratégiques de son avocat, mais sur ses capacités à mieux utiliser les éléments scientifiques (ADN, open data, statistiques).
Olivier Rey, chercheur au CNRS, écrit :
« Tout groupe humain qui se laisse distancer dans la compétition technologique court le danger d’être dominé ou asservi… »
Le Droit est une philosophie (« la philosophie du Droit » ou « théorie du Droit ») qui engendre une approche métaphysique et ou une approche scientifique.
Une certaine élite juridique, condescendante et pleine de certitude, refuse la domination technologique qui envahit notre société. Elle reste prisonnière du génitif subjectif au détriment de l’objectif. Il y a là un enjeu de fait, comme le dit Kant : « un conflit des facultés » , et dans sa Doctrine du Droit : « Le Droit n’est en soi, indépendamment de la philosophie, qu’une belle tête sans cervelle ».
Ma rencontre tardive avec le Droit m’a fait mesurer l’écart entre ce que dit le juge qui devient la loi et le légicentrisme de Montesquieu, confirmant le fondement d’une théorie juridique et objective du droit, cher à Kelsen. Le Droit est bien normatif, et l’élite n’a pas à faire siennes les normes qui sortent de son imagination mimétique.
La Justice hiérarchise les valeurs du droit et accorde des préférences entre celles-ci. Cette évaluation, « appréciation » devient un évident jugement de valeur. Le stéréotype de la justice se fonde souvent sur la « spéculation » en s’interrogeant sur les conséquences d’une hypothèse qui serait vraie…
Descartes déjà, avait rejeté cette scolastique qui a entrainé une dissociation entre le domaine philosophique et scientifique. La Justice ne doit pas se justifier par les oripeaux de l’autorité, mais par sa maitrise du modernisme.
Le monde économique, que je connais bien, refuse la méthode spéculative au profit du raisonnement déductif ou expérimental. J’ai continué à croire en cette idée de l’objectivité, du réalisme et du résultat. Pour réussir à faire de l’humanisme, il faut savoir surmonter les affects sociaux. Le réalisme économique finit toujours par servir l’idéalisme et l’altruisme.
Aujourd’hui, la politique, en privilégiant aveuglément la santé au détriment de l’Economie, fait une lourde erreur sur le long terme. La Démocratie devient une idéologie par son système majoritaire électoral. Comme la partialité dictatoriale judiciaire qui impose ses diktats moraux.
C’est le résultat qui me fait juger. Nos démocraties molles, n’écoutant que les plaintes des masses, produisent l’augmentation de la misère et le décollement du bien être du monde lucide et pragmatique. L’entreprise qui ne se soucie guère des frontières raciales et des utopies religieuses, dogmatiques ou électoralistes vogue profitablement au dessus de ce magma de palabres stériles.
Guy Benon – Novembre 2020]
0 commentaires